3 réflexions sur “le vote par internet

  • michel vonlanthen

    Vote par Internet.

    Il y a des chances qu’on y trouve aussi des failles, comme il y en a avec le vote par correspondance, qui a plusieurs failles qui pourraient être exploitées à leur profit par des gens de pouvoir peu scrupuleux.

    Lors de la votation communale 2012 sur le PPA Industrie à Bussigny (la construction de la fameuse tour) j’avais approfondi le sujet de la sécurité du vote car d’une part j’avais quelques doutes et d’autre part cela faisait des années que je ne faisais plus partie du Conseil communal où je siégeais quelquefois comme scrutateur. J’ai donc étudié le système de vote communal à fond et ai posé des questions.

    Première constatation: c’est difficile d’avoir des renseignements fiables, car soit les intervenants ne savent rien car ils font les choses sans se poser de questions, en toute routine, soit ils savent mais ne veulent rien dire pour ne pas perdre de leur pouvoir (pouvoir du détenteur d’information), ou soit ils savent, en toute conscience, mais ne veulent rien dire car ils savent que le système est boiteux, mais comme ils en font partie ils ne veulent pas être pris en faute. L’idéal c’est de tomber sur des « seconds couteaux » qui parlent sans se rendre compte de quoi que ce soit. Et j’en ai trouvé quelques-uns, et une majorité d’honnêtes aussi bien-sûr!.

    La faille que j’ai découverte est la suivante:

    Les enveloppes de vote par correspondance doivent être déposées dans la boîte aux lettres de la commune, située dans l’entrée du bâtiment administratif. Déjà là, quelqu’un qui te vois déposer ton enveloppe peut la récupérer, à la main et sans outil spécial.

    Ensuite 2 à 3 fois par jour un apprenti va relever le courrier et monte les enveloppes au Greffe. Cet apprenti n’est pas assermenté et pourrait tout-à-fait « perdre » ou « rajouter » des enveloppes (à contenu « dirigé ») pendant le trajet. Un votant ne peut pas savoir, après-coup, si son enveloppe est bien arrivée à destination car toutes les enveloppes sont détruites 3 jours après la validation du vote. Et dans le système Votelec les noms des votants ne figurent pas. Et en théorie on ne peut donc pas faire de relation entre un numéro de votant et son nom, en conséquence on ne peut pas, après-coup, savoir si tel ou tel vote a bien été pris en compte.

    Ensuite le préposé du Greffe, ou peut-être l’apprenti seul, ouvre les enveloppes, entre le numéro de votant dans le logiciel Votelec. Là il voit qui est le votant puisqu’il a son nom sur l’enveloppe d’acheminement et qu’il doit en contrôler la validité (date de naissance et signature). Le sachant et connaissant la tendance politique du votant, il pourrait tout-à-fait substituer l’enveloppe du votant par une enveloppe à contenu « sélectionné ». Car il a à sa disposition des enveloppe et des carte de vote vierges. Lors de chaque votation, le Greffe dispose d’un nombre d’enveloppes et de bulletins de vote vierges pour ceux qui les auraient perdues. Le Greffe demande le nombre d’enveloppes et de bulletins qu’il veut et nul ne contrôle si elles ont été utilisées ou pas.

    Il peut même, à à ce moment-là (lors de la substitution de l’enveloppe par une autre), ouvrir l’enveloppe du votant et connaître ce qu’il a voté sur tous les scrutins du jours. Dans une petite commune, où tout le monde se connaît, ce serait désastreux.

    Voilà comment quelqu’un de mal intentionné pourrait infléchir le sens d’un vote.

    A noter que le Conseil de l’Europe a sérieusement tancé la Suisse lors de son expertise de notre système de vote. Il avait parlé de failles béantes. Mais notre gouvernement avait décidé de ne rien changer car les Suisses ne pensent pas à tricher a-t-il répondu…

    Pour conclure, je regrette de n’avoir pas assisté à ton exposé, il m’aurait fort intéressé.

    • Oui, tu aurais du venir, mais tu peux trouver tout ce que j’ai raconté dans les slides et les liens incorporés à la présentation.

      Quel que soit le système on peut imaginer une manière de frauder, et normalement on devrait alors corriger le système pour le rendre plus résistant…

      Sauf peut-être dans une petite commune, une fraude assez massive pour changer le résultat d’un vote avant qu’on en connaisse le résultat tout en restant indétectée me parait difficile. Comment savoir à l’avance s’il faut rajouter ou changer 10, 100 ou 1000 bulletins ? Effectivement, s’il n’y a qu’une ou deux personnes qui voient passer les votes en clair avant comptage, ce sont les maillons faibles.

      Un autre type de risque est la fraude « sabotage » dont le but visé est d’être détectée et d’annuler ainsi le vote…

      Sauf erreur, le Conseil de l’Europe a surtout critiqué la faiblesse du « secret du vote » en Suisse. Comme l’a remarqué Roussel du Parti Pirate, qui est binational Français/Suisse, l’importance du « secret du vote » est culturellement moins forte en Suisse, où on votait volontiers à main levée (Landsgemeinde).

      • michel vonlanthen

        > Un autre type de risque est la fraude « sabotage » dont le but visé est d’être détectée et d’annuler ainsi le vote…
        von—————
        Voilà un type de fraude que je n’avais pas imaginé…

        > Sauf erreur, le Conseil de l’Europe a surtout critiqué la faiblesse du « secret du vote » en Suisse.
        von————–
        Plus que ça, ils ont vraiment détecté des failles de sécurité qui seraient à coup sûr exploitées dans d’autres pays que le nôtre.

        Si jamais tu refais ton exposé ailleurs, je serais content d’y assister. Dis-le moi si ça se présente stp!

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